Sciences Claires - Laurent astronome amateur

Interview flash : Laurent, Astronome amateur


Interview flash : Laurent, Astronome amateur

Par Franck Stevens


Article mis en ligne le 24/02/14
Dernière mise à jour le 24 février 2014 à 23h58
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Astronome amateur, Laurent nous parle de sa passion pour le sujet et du matériel avec lequel il a commencé : comme quoi il ne faut pas forcément dépenser une fortune pour observer les astres !




Au sujet de ses études


Franck : Quelles études avez-vous faites et dans quel domaine travaillez vous aujourd'hui ?

Laurent : J'ai fait ce que l'on appellait à l'époque un bac F2, qui est l'équivalent de ce qu'on appelle aujourd'hui un « Baccalauréat sciences et technologies industrielles en génie électronique ». J'ai choisi cette branche parce que c'est là que le niveau de math était le plus élevé !

Par la suite, je me suis engagé dans l'armée et j'ai fait une licence et une maîtrise en armement NBC (nucléaire, bactériologique, chimique) et neurotoxique. À l'heure actuelle, j'occupe un poste administratif dans un hôpital, où j'accueille les patients qui vont en consultation chez des spécialistes.

Rien de tout cela n'a de rapport avec l'astronomie, qui est pourtant ma passion depuis que j'ai dix ans !


Franck : Justement, qu'est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à l'astronomie ?

Laurent : J'avoue ne pas savoir exactement ce qui m'y a poussé : peut-être est-ce le fait que l'astronomie attise l'imagination et invite à rêver. Se demander, quand on observe une galaxie lointaine, s'il y a là-bas quelqu'un qui regarde notre propre galaxie en se posant les mêmes questions...



Au sujet de l'astronomie amateur


Franck : Comment avez vous réalisé vos premières observations ?

Laurent : Avec une simple lunette que mes parents m'ont offerte pour mes dix ans ! À l'époque, j'observais la Lune, Saturne, Jupiter, ...
Saturne à la lunette
La planète Saturne photographiée à travers une lunette astronomique (prise avec une webcam Philips Toucam 2 au foyer d'une lunette Televue 76 équipée d'une Barlow Orion 2x, compositage de 30 images sur 75 avec Iris + Ondellette)
Image : William Andrey, Astrosurf.com

À quinze ans, comme j'aimais toujours autant l'astronomie, j'ai reçu une seconde lunette. Par la suite, quand je me suis engagé dans l'armée, je me suis acheté une lunette un peu plus « puissante », pour pouvoir observer des objets encore plus lointains lors de mes permissions.


Quel matériel utilisez-vous aujourd'hui lors de vos observations ?

Laurent : Mon père est un ancien photographe, tout comme ses frères et ses parents. J'ai donc appris à regarder le monde non seulement avec mes propres yeux, mais aussi à travers un objectif.

Je possède actellement un télescope Dobson de 400 millimètres de diamètre. C'est du matériel de qualité, donc assez cher (2000 €), mais c'est surtout mon ami qui l'utilise pour « naviguer » dans le ciel.

Mon instrument de prédilection est plutôt la lunette astronomique, que je trouve être un outil polyvalent : elle permet d'observer le ciel, les planètes et le ciel profond mais aussi, un peu plus bas... la nature qui nous entoure ! En plus de cela, j'aime la vision que l'on a à travers une lunette, elle est totalement différente de celle qu'on a à travers un telescope et elle me fait penser à celle que l'on peut avoir à travers un objectif.

De plus, la lunette est un instrument qui nécessite peu de réglages et qui ne craint pas les transports. Contrairement à d'autres instruments, qui prennent du temps à être « mis en température » ambiante avant de donner des images de qualité (ce qui peut parfois prendre plus d'une heure), une lunette peut être utilisée rapidement dès son installation sur sa monture.


Les lunettes astronomiques, aussi appelées « télescopes à lentille » et « réfracteurs galiléens », se distinguent des télescopes de type « réflecteur » par le fait qu'elles ne contiennent pas de miroir.
Image : Choisir le bon télescope, Astrofiles.net

Dernier argument en faveur des lunettes : elles ont un coût relativement faible par rapport aux autres instruments d'observation. Pour environ 350 €, on peut avoir du matériel de bonne qualité qui servira plusieurs années. Cela fait par exemple près de huit ans que j'utilise la même lunette !


Franck : Quelles sont les meilleures conditions pour observer les astres ?

Laurent : Un site où il n'y a pas ou peu de pollution lumineuse, un ciel froid avec une météo stable, du matériel en température : c'est dans ces conditions que l'on obtient les images de meilleures qualité. Un ciel où il y a peu de turbulence donne de bonnes images, ce qui se voit assez facilement a l’œil nu : les étoiles ne scintillent pas et restent des points lumineux fixes.

D'un point de vue plus pratique, il faut également penser à prendre des vêtements chauds et du café : l'activité d'astronome amateur n'est pas très physique et l'on se refroidit très vite, en restant immobile. Il faut pourtant supporter cette fraîcheur et en profiter : un ciel froid est un ciel stable !


Franck : Vous rendez-vous à un endroit particulier pour vos observations ?

Laurent : Bien sûr ! En tant qu'astronomes amateurs, nous fuyons la pollution lumineuse et essayons de trouver des endroits où il fait encore noir, loin des grandes villes et des éclairages routiers.

Nous avons trouvé des endroits où il fait encore très sombre la nuit dans la région grâce au site de l'AVEX, dans le style du fameux « triangle noir du Quercy », réputé pour être particulièrement sombre.

pollution lumineuse
Pour observer le ciel nocturne, il faut aller là où il y a peu de « pollution lumineuse », c'est-à-dire peu de sources de lumière susceptibles d'empêcher de voir les astres.
Image : Cartes des pollutions lumineuses de France, AVEX-asso.org

Notre endroit préféré est situé non loin de Aspres-sur-Buëch, dans les Hautes-Alpes : beaucoup de villages des environs ont en effet signé la charte contre la pollution lumineuse et coupent leur éclairage publique dès 22h30. Après tout, à quoi cela sert-il de laisser les lumières allumées la nuit ? La plupart des gens dorment (sauf nous !) et les voitures ont des phares... et en plus, éteindre les lumières permet à la commune de faire des économies (environ 33% sur la facture d'électricité) !


Franck : Quels conseils donneriez-vous aux gens que l'astronomie intéresse mais qui n'ont jamais osé se lancer ?

Laurent : Qu'il faut oser se lancer !

La meilleure façon de savoir si l'astronomie vous plaît, c'est de tenter l'expérience. Vous pouvez par exemple vous rapprocher d'un club d'astronomie. Ceci dit, ce n'est selon moi pas forcément la meilleure solution car les clubs ont tendance à bombarder d'informations les nouveaux arrivants et à ne pas les laisser directement manipuler le matériel.

L'idéal est à mon avis plutôt de se rapprocher d'amateurs d'astronomie et de partager une nuit (en tout bien tout honneur...) avec eux, en comité restreint, afin de pouvoir prendre en main le matériel et le manipuler. C'est dans ce but que je me suis acheté une seconde lunette, afin de pouvoir faire mes propres observations tout en laissant une seconde lunette à disposition d’éventuelles autres personnes qui voudraient observer en même temps ou simplement manipuler le matériel pour trouver leurs propres objets dans le ciel. L'idée serait que je leur offre alors une petite explication sur ce que qu'ils auront trouvé : là, ils retiendront plus efficacement les informations que si tout leur avait été expliqué d'un coup au préalable.

Bien sûr, cela aide d'être prêt à perdre une nuit de sommeil pour pouvoir observer différents objets : ce n'est pas en une heure d'observation que l'on peut observer une multitude d'objets différents ! Toutes les nuits, les constellations se lèvent, parcourent le ciel et vont se coucher, laissant la place à d'autres constellation qui recèlent d'autres objets à observer.

Par exemple, en hiver, on peut observer en début de nuit Orion et sa nébuleuse gigantesque, les Gémeaux et Jupiter. En milieu de nuit, la constellation du Lion se lève et nous montre des triple galaxies ; plus tard, c'est la chevelure de Bérénice qui devient visible avec la « chaîne de Markarian » (une chaîne de galaxies), puis vient la constellation de la Vierge où l'on peut voir de nombreuses galaxies, notamment l'une des plus grandes et des plus vieilles galaxies de notre univers... sans oublier la planète Saturne !

Chaîne de Markarian
La chaîne de Markarian, dans la constellation de la Vierge, photographiée à travers un télescope amateur
Image : Hewholooks, Licence Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported

Attention tout de même, il faut savoir que les images que l'on peut voir dans les livres ou sur internet n'ont rien à voir avec ce que l'on aperçoit dans un télescope amateur : beaucoup sont déçu de ne pas voir les couleurs ! C'est pour cela qu'avant une soirée de démonstrations, nous avons pour habitude d'expliquer brièvement ce que les gens vont voir, afin qu'ils ne soient pas déçus : des taches diffuses et grises !

Franck : Merci beaucoup d’avoir répondu à nos questions, Laurent !


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Classement

                   Interview réalisée par : Franck Stevens

                   Mise en page par : Franck Stevens

                   Diplôme(s) : Autre

                   Secteur(s) : Amateur


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