Sciences Claires - Ella J analyste de recherche

Interview flash : Ella J., analyste de recherche


Interview flash : Ella J., analyste de recherche

Par Ariane R


Article mis en ligne le 27/02/14
Dernière mise à jour le 27 février 2014 à 10h13
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Diplômée en physique de l'Université Libre de Bruxelles, Ella J. nous explique son parcours : de la physique théorique à l'économie circulaire !



Formation

Université Libre de Bruxelles

 

  • 2002-2006 : Bachelier et Master en Physique
Université Libre de Bruxelles


Université Libre de Bruxelles

 

  • 2006-2010 : Thèse en Physique théorique
Université Libre de Bruxelles



Au sujet de tes études en physique

Ariane : Pourquoi as-tu choisi les études de Physique ?

Ella : Une partie de mon choix de la physique vient du fait que j’aimais beaucoup les mathématiques durant mes études secondaires, mais je n’avais pas spécialement envie de me concentrer là-dessus. En même temps, j’avais un attrait pour l’astrophysique à l’époque, qui me venait d’ailleurs plus du cours de géographie (où l'on étudiait par exemple les lois de Kepler, qui m’intéressaient beaucoup). Bizarrement, j’ai mis un moment à me rendre compte que l’astrophysique, c’était une branche de la physique. Une fois que j’ai compris ça, j’ai choisi ces études-là !


Ariane : Qu’est-ce qui t’a le plus plu dans tes études ?

Ella : Ce qui me passionnait le plus, c'était le fait que l'on puisse expliquer la nature à l’aide des mathématiques. Je trouve ça élégant et presque magique que l'on puisse décrire la réalité grâce aux mathématiques, qui sont pourtant une construction mentale humaine.

Ariane : Est-ce qu’il y a des difficultés que tu as dû surmonter lors de ces études ou as trouvé ça plutôt facile ?

Ella : Je ne dirais pas que c’était facile, parce que c’était beaucoup de boulot ! Mais ce que j’ai trouvé le plus difficile dans ces études, c’était les labos, parce que les données que l'on obtient ne sont jamais aussi bonnes que ce que l'on espère et qu'il faut tripoter, ajuster... Ça ne correspondait pas tout à fait à ce qui, moi, m’inspirait dans la physique. Mais avec le recul, je trouve que c’était intéressant et j’en ai de bons souvenirs.



Au sujet de ta thèse


Ariane : Tu as par la suite fais une thèse de doctorat, sur quel sujet ?

Ella : J’ai fait ma thèse sur des questions liées aux théories de gravitation en dimensions supplémentaire, c’est-à-dire à plus que 4 dimensions d’espace-temps. En particulier, j’ai étudié les symétries cachées et les trous noirs dans ces théories. Ce qui se rapporte finalement à ce qui m’avait attiré dès le secondaire : expliquer la nature par des théories mathématiques... même si à l’époque, je ne savais pas que ce genre de théorie-là existait !

Observation par le télescope « Hubble » de deux amas d’étoiles où réside un trou noir. Un trou noir est un objet céleste dont le champ gravitationnel est si intense qu’il empêche toute forme de matière ou de rayonnement de s’en échapper. Les trous noirs ne sont pas directement visibles mais ont pu être décelés en mesurant la vitesse des étoiles environnantes.
Image : hubblesite.org


Ariane : Et pourquoi avoir choisi de faire une thèse ?

Ella : Mon mémoire de fin de Master portait déjà sur des questions de symétrie dans les trous noirs et je trouvais le sujet très intéressant. De plus, j’aimais beaucoup le professeur avec lequel je travaillais là-dessus et qui pouvait être mon futur directeur de thèse. Ça m’a donc semblé un choix assez naturel, d’autant plus que je manquais un peu d’idées d’autres options.

Ariane : Qu’est-ce que ta thèse t’a apporté ?

Ella : Dans les emplois que j’ai exercés par la suite, c’est surtout la manière de réfléchir et de travailler qui m’a été utile. En effet, mon sujet étant très abstrait, il n’a pas vraiment eu de pertinence directe dans le travail que j’ai fait après. Mais la manière de réfléchir, de structurer et de résoudre un problème, ainsi que la rigueur scientifique sont des compétences qui sont utiles dans le milieu professionnel. Mais ce que j’en ai retiré va au-delà de ça : depuis la fin de ma thèse, j’ai travaillé sur des sujets beaucoup plus appliqués, plus ancrés dans le monde réel et j’apprécie donc le fait que pendant ces quatre ans de ma vie, je me suis concentrée sur un sujet scientifique extrêmement fondamental et abstrait. Ça me permet de mettre les choses en perspective par rapport au reste du monde. C’était vraiment très enrichissant de ce point de vue-là !



Au sujet de ton travail actuel


Ariane : Quel a été ton parcours professionnel après ta thèse ?

Ella : À l’origine, j’avais l’intention de devenir journaliste scientifique. J’ai donc exploré cette voie-là les premiers mois après ma thèse, mais je ne m’y suis pas tout à fait retrouvée. Finalement, je me suis intéressée aux métiers du conseil et j’ai commencé à travailler pour une entreprise de consultance en management. Ça a été une expérience très utile pour appréhender le monde hors académique, en particulier celui du business, et comprendre comment il fonctionne. Le milieu de l’entreprise et le milieu économique formaient pour moi un univers tout à fait inconnu, mais que j’avais très envie d’explorer et de comprendre, car il influence énormément le monde actuel.

Après un certain temps, j’ai quand même voulu passer à autre chose et j’ai quitté la consultance pour travailler à la Fondation Ellen MacArthur en tant qu’analyste de recherche. La Fondation travaille sur le sujet de l’économie circulaire, qui est un modèle économique dans lequel les produits et matériaux sont systématiquement réutilisés, ce qui permet que le développement économique ne dépende pas de l’extraction de matériaux vierges.

Repenser le progrès : la fondation Ellen MacArthur explique ce qu'est l'économie circulaire.
Source : www.ellenmacarthurfoundation.org


Ariane : Quel est le lien entre ce travail et tes études de physique ?

Ella : Il s'agit essentiellement d'un travail de recherche et d'analyse. C'est donc surtout au niveau de la rigueur et de la logique que mon expérience scientifique y est valorisée.


Ariane : Quel est ton travail au quotidien ?

Ella : La Fondation est une organisation assez dynamique, mon travail au quotidien a donc tendance à varier énormément d’un mois à l’autre. Mais ma responsabilité principale consiste à fournir des informations utiles à des entreprises qui cherchent à opérer une transition vers l’économie circulaire. Mon travail comprend donc des activités telles que de la recherche documentaire, des interviews d’experts, des analyses, la rédaction de rapport et d’articles et la création d’ateliers. C’est au final un travail assez varié.


Ariane : Pour finir, as-tu des conseils à donner pour des étudiants qui voudraient entreprendre des études de physique ?

Ella : Dans mon parcours, le fait d’avoir étudié un sujet sans application dans le monde de l’entreprise ne m’a pas empêché de trouver un emploi et de poursuivre une carrière intéressante, même hors des voies académiques. Les compétences des physiciens comme la rigueur, la logique, la capacité à résoudre un problème, me semblent bien valorisées dans le cadre professionnel. Mon conseil serait donc de ne pas se contraindre trop tôt à des sujets ou spécialisations avec des débouchés évidents. Le but de l’éducation est plus large que la simple préparation à l’emploi !

Ariane : Merci beaucoup, Ella !


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Classement

                   Interview réalisée par : Ariane R

                   Mise en page par : Ariane R

                   Diplôme(s) : Bachelier en physique, Master en physique, Doctorat en sciences

                   Secteur(s) : Secteur privé


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